Au début des années 2000, Renault décide d'équiper une citadine compacte d'un moteur V6 en position centrale arrière, une décision contraire à toutes les logiques industrielles classiques. La Clio 2 V6 sort alors des chaînes de montage, produite en très petite série et développée en partenariat avec TWR, spécialiste britannique de la compétition automobile.
Sans compromis sur la radicalité, ce modèle bouleverse les standards établis pour une voiture de grande série. Sa conception technique, sa diffusion restreinte et sa fiche technique atypique lui confèrent un statut à part dans l'histoire de l'automobile française.
Plan de l'article
Clio 2 V6 : la naissance inattendue d'une légende française
L'an 2000 marque un tournant inattendu pour Renault. À Boulogne-Billancourt et Paris, les ingénieurs de Renault Sport orchestrent la création d'une Clio 2 transfigurée, loin de l'image rassurante de la petite citadine polyvalente. Cette version radicale n'a plus rien à voir avec sa devancière : la banquette arrière cède sa place à un V6 3.0 litres venu tout droit de l'Espace et de la Laguna, désormais implanté en position centrale arrière. Clairement, Renault ose s'affranchir de la norme.
La fabrication est confiée à TWR, en Angleterre, tandis que l'expertise de Renault Sport à Dieppe façonne ce modèle hors du commun. Deux phases seulement verront le jour : la première produite de 2000 à 2003, suivie d'une seconde plus affûtée jusqu'en 2005. Ce qui frappe d'emblée, c'est l'écart flagrant avec le reste de la gamme : carrosserie élargie, voies dimensionnées pour la performance, prises d'air affirmées, châssis inédit. Rien à voir avec la Clio Williams ou les déclinaisons sportives classiques, ici chaque détail revendique la singularité du projet.
La France découvre alors un ovni mécanique qui bouscule ses habitudes rationnelles : moins de 3000 exemplaires, une puissance de 230 à 255 chevaux selon la phase, et un 0 à 100 km/h abattu en moins de six secondes. Rapidement, la Clio 2 V6 s'attire la ferveur des collectionneurs et passionnés. Elle s'impose comme une célébration de l'audace, un manifeste technique sorti d'une époque où Renault n'hésitait pas à s'aventurer en dehors des sentiers battus.
Qu'est-ce qui rend la Clio V6 si différente des autres modèles Clio ?
Face à une Clio V6, la rupture avec les versions classiques saute aux yeux : proportions métamorphosées, voies élargies, carrosserie musclée. Difficile d'y voir une simple citadine, tant la silhouette évoque la compétition plus que les trajets quotidiens. Ici, la polyvalence s'efface au profit de l'excès.
Sous le capot, il ne reste rien du quatre cylindres transversal habituel. La Clio V6 adopte un moteur central arrière atmosphérique de 3,0 litres, une configuration réservée d'ordinaire à des coupés sportifs de prestige. Ce choix audacieux fait de la voiture un véritable objet de convoitise, très éloigné de la Clio Williams ou des versions sport classiques.
Derrière le volant, tout change. Le comportement dynamique, la sonorité du bloc, la position de conduite : chaque détail pousse à reconsidérer ce qu'on attend d'une citadine sportive. Peu d'éléments de la Clio “standard” subsistent ; la majorité des pièces du châssis, des trains roulants et du système de freinage sont spécifiques, pensés pour encaisser la puissance et exploiter l'agilité du V6.
Voici ce qui distingue concrètement la Clio 2 V6 :
- Moteur central arrière : une rupture totale avec la traction avant propre aux autres Clio.
- Gabarit élargi : empattement, voies, carrosserie, tout est repensé pour servir la performance.
- Production limitée : fabrication artisanale, chaque exemplaire assemblé à la main.
La Clio 2 V6 ne cherche pas à s'inscrire dans la continuité : elle réinvente la citadine sportive, en assumant une approche technique et esthétique d'une radicalité rarement vue chez un constructeur français.
Un concentré de performances et de sensations hors normes
La Clio 2 V6 incarne une prise de risque rarement vue chez Renault Sport : transformer une petite voiture urbaine en machine de sensations pures. Grâce à son moteur V6 3.0 litres placé en position centrale arrière, l'équilibre de la Clio est bouleversé, et avec lui, l'expérience au volant. La phase 1 délivre 230 chevaux, la phase 2 grimpe à 255. Résultat : le 0 à 100 km/h tombe sous la barre des 6 secondes, des valeurs qui la propulsent bien au-delà du simple registre “citadin”.
S'installer à bord, c'est plonger dans une ambiance singulière : la sonorité rauque du V6 résonne dans l'habitacle, les accélérations sont franches, les réactions du châssis sont immédiates. La maîtrise de cette puissance demande attention et finesse, surtout sur routes sinueuses où la Clio V6 révèle tout son caractère. Ici, le plaisir de conduite prime, loin du confort aseptisé de certaines concurrentes, qu'elles s'appellent Porsche ou Peugeot.
Voici les chiffres qui résument la montée en puissance du modèle :
Caractéristiques | Phase 1 | Phase 2 |
---|---|---|
Puissance (ch) | 230 | 255 |
0-100 km/h (s) | 6,4 | 5,8 |
Poids (kg) | 1335 | 1400 |
La rareté de la Clio Renault Sport tient aussi à son mode de production : fabrication limitée, assemblage d'abord confié à TWR au Royaume-Uni puis à Dieppe. À l'époque, son tarif la destinait à un public averti. Aujourd'hui, croiser une Clio V6 reste un événement, tant elle s'est éloignée des sportives habituelles.
L'héritage durable d'une sportive devenue culte
La Clio 2 V6 continue de fasciner les amateurs de voitures sportives françaises, bien après la fin de sa carrière. Sur le marché de l'occasion, la cote ne cesse de grimper, portée par l'intérêt de passionnés avides de sensations et d'exclusivité. Sa production confidentielle, l'assemblage en partie artisanal et l'aura de Renault Sport contribuent à ce phénomène. Dans les événements et rassemblements, elle attire toujours autant les regards, oscillant entre respect et fascination.
Ce modèle incarne l'audace d'un constructeur grand public, capable de bousculer les conventions pour donner naissance à une voiture radicale. Avec le temps, la Clio V6 s'impose comme un symbole d'inventivité et de prise de risque dans l'automobile française. Ingénieurs, pilotes et collectionneurs saluent son héritage, qui s'inscrit dans la lignée des Alpine ou Gordini.
Quelques marqueurs de ce statut à part :
- Moins de 3000 exemplaires produits
- Assemblage en partie réalisé chez TWR puis à Dieppe
- Cote en hausse, reflet de sa place privilégiée dans le patrimoine
La Clio Renault V6 ne se résume pas à sa fiche technique. Elle s'est imposée dans l'imaginaire collectif comme une célébration du plaisir automobile, entre radicalité et attachement à la culture populaire. L'habitacle dépouillé, l'assise basse, la proximité du moteur font de chaque trajet une expérience à part. Clubs et spécialistes entretiennent la flamme, assurant à la Clio V6 une place unique dans le paysage des modèles français de légende.
Aujourd'hui, voir passer une Clio 2 V6 sur la route, c'est croiser une part d'audace mécanique. Et si l'histoire de l'automobile française s'écrivait parfois sur un coup de folie assumé ?